1943-1959 : Jouer de la guitare assis sur le trottoir
- Artur

- 12 juil.
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Dernière mise à jour : 3 sept.
Né le 15 juin 1943, le jeune Jean-Philippe Smet connaîtra dès son enfance le déracinement. Revenons ensemble sur ces premières années, pas si tendres...

15 juin 1943 Naissance à la clinique Villa Marie-Louise, 3 cité Malesherbes, à Paris, sous le nom de Jean-Philippe Léo Clerc. Il s’agit d’un matronyme – sa mère se prénomme Huguette. Son père, Léon Smet, ne l’a pas officiellement reconnu.
Vers février 1944 Léon s’en va du domicile familial. Ne pouvant s’occuper de son bébé en journée, Huguette le confie à Hélène Mar, la sœur de Léon, ainsi qu’à ses deux filles, Desta et Menen, toutes deux danseuses.
07 septembre 1944 Se nomme officiellement Jean-Philippe Léo Smet suite au contrat de mariage entre ses parents.
10 septembre 1944 Est baptisé à l’église de la Sainte-Trinité (Paris). Son parrain est Alain Trutat et ses marraines, Desta ainsi que Menen.
Automne 1945 Sachant que Desta et Menen ne trouveront plus un engagement en France – leur père, Jacob, fut arrêté et emprisonné le 28 mars 1945 pour collaboration, son procès aura lieu en décembre 1946 –, Hélène emmène ses filles en Angleterre puis convainc Huguette de lui laisser Jean-Philippe, tant elle adore ce bébé et pour, quelque part, racheter les fautes de son frère. Celle-ci, ne pouvant vraiment pas s’en occuper, accepte.
Hiver 1948-49 Toujours en Angleterre, Desta et Menen font partie de la distribution de l’adaptation de CALIGULA (une pièce de théâtre d’Albert Camus, 1944) dans laquelle Jean-Philippe joue un serviteur noir. Durant la même période, les deux jeunes femmes prêtent leurs traits au peintre Roland Penrose qui fera également poser Jean-Philippe.
Printemps 1949 La petite famille rencontre Lee Ketcham, un danseur américain de 21 ans qui habite le même immeuble londonien. Il tombe amoureux de Desta et ces trois danseurs décident de monter un numéro ensemble. À partir de l’été, ils se produiront dans plusieurs pays, toujours accompagnés d’Hélène et de Jean-Philippe, qui est dans les coulisses afin d’aider Lee à rapidement changer de costume.

Rentrée 1951 En Italie, Desta et Lee ont un engagement dans la revue FORSE CHE NORD, FORSE CHE SUD de Renato Rascel. Hélène y devient habilleuse pour la troupe et Jean-Philippe apparaît quelques minutes sur scène pour jouer l’enfant de THE KID (long-métrage de Charlie Chaplin, 1921). La revue est un succès et tourne dans tout le pays. Au même moment, Jean-Philippe délaisse le violon – pratique alors imposée par sa tante – pour la guitare.
18 avril 1952 Desta et Lee se produisent en duo et donnent ce soir-là leur première représentation en tant que The Hallidays au Don Rodrigo de Milan (Italie). Ils se produiront ensuite à Rome (id.) mais aussi à Lausanne (Suisse) ou encore dans le sud de la France.
19 septembre 1952 Libéré depuis quelque temps et vivant seul dans l’appartement de la Tour-des-Dames (à Paris), Jacob meurt à l’hôpital Bichat (id.). Hélène, Desta et Lee décident de rester un temps en France, mais Jean-Philippe continue de suivre des cours par correspondance étant donné que sa tante a peur d’éventuelles représailles par rapport aux activités de son mari pendant l’Occupation. L’enfant suit également des cours de guitare classique ou encore de chant, puis traîne aux alentours du square de la Trinité.
Juin 1953 The Hallidays se produisent à Düsseldorf (Allemagne) et entre deux numéros, habillé en cow-boy, Jean-Philippe chante pour la première fois sur scène. Il gagnera ensuite à Trouville-sur-Mer (Calvados), durant l’été, le premier prix d’un radio-crochet dans lequel il a repris DANS LES PLAINES DU FAR-WEST d’Yves Montand (1945). Hélène, Desta et Lee font alors tout pour qu’il perce un minimum dans le domaine artistique.
Août 1954 Jean-Philippe joue l’un des élèves d’une école privée dans le film LES DIABOLIQUES d'Henri-Georges Clouzot, qui sortira le 29 janvier 1955. Après le tournage, il suit des cours au conservatoire et a des engagements pour des films publicitaires, dont les vêtements ALBA JUNIOR, puis fait une apparition à la télévision : MARTIN ET MARTINE (R.T.F.), une émission enfantine où il rechante DANS LES PLAINES DU FAR-WEST.
Début 1955 The Hallidays reprennent la route, toujours accompagnés d’Hélène et de Jean-Philippe, pour se produire dans des grandes villes d’Europe.
Mai 1956 À Cologne (Allemagne), de nouveau entre deux numéros des Hallidays, Jean-Philippe chante cette fois quatre chansons. Il recommencera à Hanovre et Essen (id.) où il ajoute un autre titre.
15 juin 1956 Se produit pendant un mois après les représentations de Desta et Lee à l’ATLANTIC PALACE de Copenhague (Danemark).
1957 La famille retourne à Paris et Jean-Philippe passe de nouveau son temps libre à traîner au square de la Trinité.
1958 Un après-midi, dans un cinéma de quartier, pensant voir un western, Jean-Philippe découvre Elvis Presley et le rock’n’roll – un genre musical alors complètement inconnu en France – à travers le film AMOUR FRÉNÉTIQUE (LOVING YOU, de Hal Kanter). C’est pour lui la révélation. Il devient absolument dingue du King, échange sa guitare classique contre une électrique et modifie son look. Par la suite, il rencontre Jacques Dutronc, Claude Moine (futur Eddy Mitchell) puis découvre le GOLF-DROUOT (Paris), où les adolescents écoutent et jouent du rock’n’roll.
Fin juin 1958 Enregistre via un dictaphone – et avec un copain, Jean-Pierre Guerlin – ses premières maquettes.
Début 1959 L’adolescent rencontre Christian Blondieau (futur Long Chris) avec qui il deviendra très ami. Durant toute cette année, sous le pseudonyme de Johnny Halliday, il multiplie les engagements dont la plupart se passent mal – le rock’n’roll n’étant toujours pas connu et très loin de la chanson française d’alors – puis enregistre d’autres maquettes.
15 juin 1959 Le jeune Jean-Philippe, devenu vedette du GOLF-DRUOT, s’y produit le jour de ses 16 ans. Un diplôme de rock, portant les paraphes d’Henri Leproux et de Roger Frey, lui est décerné.
30 décembre 1959 Se produit en direct dans l’émission de radio PARIS-COCKTAIL (diffusée sur PARIS-INTER) où il reçoit un bon accueil du public. Dans les coulisses, il rencontre Gilbert Guénet (dit Jil du duo de paroliers Jil & Jan), travaillant pour le label VOGUE.



