1981 • Canta en español/Canta en castellano
- Artur

- 18 juil.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 6 jours
Durant l’hiver 1981-82, un disque de ses plus grands succès en langue espagnole fut commercialisé dans plusieurs pays hispaniques. Il s'agit du premier projet de l'ère Pierre Billon (1981-84).

INFORMATIONS SUR LE DISQUE
Période de sortie : hiver 1981-82
Formats : vinyle et cassette audio
Références : 6313 298 (Espagne et Colombie), 72 00 298 (Espagne), 40 295 (Venezuela), LP-30209 (Équateur), 6046 (Argentine) & Y-PHI 6313 298 4 (Pérou)
Exemplaires vendus : —
Certification : —
Note de la rédaction : 3/5
PRÉSENTATION
L’album PAS FACILE n'était même pas encore sorti – il fut programmé pour le 17 septembre 1981 – que Johnny décida de changer toute son équipe créative et donna quasiment les pleins pouvoirs à Pierre Billon. Parmi les projets que ce dernier mit alors sur la table, il y eut un LP sortant de l’ordinaire. En effet, durant le mois d’octobre au Studio des Dames – lieu parisien où le rocker procédera à quasiment tous ses enregistrements jusqu’au début de l’année 1983 –, un disque de ses plus grands succès en langue espagnole fut enregistré afin d’inonder ce marché.
À l’exception de ME OLVIDE DE VIVIR (J’AI OUBLIÉ DE VIVRE, 1977) qui est de Julio Iglesias – ce dernier a sorti sa propre version en 1978 –, les adaptations sont signées Carlos Toro. Cet opus en espagnol contient 10 pistes dont une reprise inédite : AVE MARIA, d’après le célèbre classique ELLENS DRITTER GESANG de Franz Schubert (1825). Cette version est surprenante car son approche est plutôt orientée vers la pop et l’intro est clairement un sample de la chanson culte STAND BY ME de Ben E. King (1961). Quant aux neuf autres adaptations, elles eurent toutes droit à un lifting musical, souvent assez hardcore – pas spécialement dans le bon sens du terme – pour la plupart d’entre elles. Dans le lot, il y a d’ailleurs une autre surprise : la présence de TOUJOURS LE MÊME – devenue ici TE SIGO FIEL –, une magnifique ballade qui, à l’origine, est placée vers la fin de PAS FACILE.
Cette curiosité sur de nombreux points – franchement, écoutez-le au moins une fois – sortit rapidement et son exploitation s’étala sur tout l’hiver 1981-82. Ce premier LP avec Pierre Billon aux manettes eut deux noms : CANTA EN ESPAÑOL en Espagne, en Colombie et en Argentine, puis CANTA EN CASTELLANO en Équateur, au Pérou ainsi qu’au Venezuela. Il fallut attendre 1993 – il est présent dans le 35e volume de la COLLECTION JOHNNY HALLYDAY – et surtout 2008 pour que des rééditions CD soient disponibles.
Pour l’anecdote, en novembre 1981, au même moment que les premières sessions pour l’album QUELQUE PART UN AIGLE… (1982), Pierre Billon se resservit de quatre des ré-orchestrations de cet opus afin que Johnny propose en français des versions modernisées de ces classiques de son répertoire que sont LE PÉNITENCIER (1964), NOIR C’EST NOIR (1966), QUE JE T’AIME (1969) et LA MUSIQUE QUE J’AIME (1973). Elles sortirent dans deux 45 tours le 21 janvier 1982.
Toujours en 1982, cette fois à Milan, l’Idole enregistra également sa reprise d’AVE MARIA en italien (SOLO UNA PREGHIERA) pour un 45 tours transalpin dont la face B fut NON SI VIVE COSI (J’AI OUBLIÉ DE VIVRE). SOLO UNA PREGHIERA sortit aussi en single en France à la fin du printemps, accompagnée de MON AMÉRIQUE À MOI (sixième piste de QUELQUE PART UN AIGLE…).
Adrien BALBOA
ANALYSE SONORE
Des voix d’outre-tombe nous accueillent dès les premières secondes de cet opus aux sonorités électroniquement baléariques. On est très agréablement surpris par la qualité sonore de l’ensemble. Johnny est bien visible, tout comme la batterie et les percussions. La scène sonore ne semble pas être très large et on discerne trop facilement le montage des prises multiples (écoutez le « Waouh ! » ajouté après la prise vocale initiale, pas très fin).
Le second titre, AVE MARIA – seul inédit du lot – reste dans cette même veine, c’est comme si l'Idole était dans la pièce avec nous. Bel équilibre sonore au demeurant, même si on retrouve les sonorités du futur album LA PEUR (1982). DESTRA DEL AMOR présente une très belle scène sonore inquiète, d’une belle profondeur. Tout du long, on est plongés dans l’univers de la chanson. Le piano, lui aussi, est visible. La réalisation n’est pas à critiquer, il y a une volonté évidente de proposer au public espagnol un produit de qualité. Johnny fait une ch'tite fausse note mais l’intention est si présente que ce n’est rien, ses décrochés vocaux sont splendides.
GABRIELA nous fait prendre conscience de la démarche intellectuelle qui a été celle de Pierre Billon et de son équipe lorsqu’ils ont choisi les pistes de cette compilation : proposer des titres aussi anciens que récents se rapprochant autant que possible de l’héritage musical et artistique espagnol. Le pari et la tentative sont vraiment réussis. Effectivement, on sent une certaine chaleur ambiante. Autre exemple de cette volonté de saluer le public local : la guitare sur ME OLVIDE DE VIVIR, résolument hispanique, avec ce rythme plus appuyé et moins lancinant que sur la version originale (J'AI OUBLIÉ DE VIVRE, 1977). EL PENAL rejoint la lignée des chansons hommage à ce pays, on apprécie ce qui se dégage de ce morceau même si Johnny est moins visible.
L’avant-dernière chanson, TODA LA MUSICA QUE AMO, arrive et on adore le chemin pris sur un plan sonore qui, encore une fois, vise à saluer le public hispanique, la démarche est résolument assumée et rend CANTA EN ESPAÑOL/CANTA EN CASTELLANO (selon les pays) vraiment très attachant, les chœurs sont sympas même si la sonorité globale est plus sombre. Comment finir un LP tel que celui-ci ? Avec panache sur deux incontournables, à savoir LA MUSIQUE QUE J'AIME (1973) et QUE JE T'AIME (1969). Sur TODA LA MUSICA QUE AMO, donc, la batterie est vraiment typée 80's mais on adore, et on retrouve les sonorités du début de l'opus sur le final, IO TE AMO. S’il n’y a rien d’original sur ce dernier, il a le mérite de mettre en avant un certain désespoir que l’on ne ressent pas dans les autres versions enregistrées auparavant.
Au final, c’est un très beau disque, attachant – l’accent imparfait de Johnny n'y change rien – avec une volonté évidente de saluer un pays et les amoureux de rock qui y habitent.
Artur MICHALSKI
TRACKLIST
1 – Black es noir (3:26)
[Noir c'est noir]
Paroles : Carlos Toro (adaptation)
Musique : Tony Haynes, Michelle Grainger & Steve Wadey
2 – Ave Maria (4:54)
[Ellens dritter gesang]
Paroles : Carlos Toro (adaptation)
Musique : Franz Schubert & D.A. Ciotti
3 – Destra del amor (4:40)
[Derrière l'amour]
Paroles : Carlos Toro (adaptation)
Musique : Toto Cutugno
4 – Gabriela (2:50)
[Gabrielle]
Paroles : Carlos Toro (adaptation)
Musique : Tony Cole
5 – Requiem por un loco (4:46)
[Requiem pour un fou]
Paroles : Carlos Toro (adaptation)
Musique : Gérard Layani
6 – Me olvide de vivir (4:43)
[J'ai oublié de vivre]
Paroles : Julio Iglesias (adaptation)
Musique : Jacques Revaux
7 – El penal (4:47)
[Le pénitencier]
Paroles : Carlos Toro (adaptation)
Musique : Alan Price
8 – Te sigo fiel (3:42)
[Toujours le même]
Paroles : Carlos Toro (adaptation)
Musique : Bob Seger
9 – Toda la musica que amo (4:31)
[La musique que j'aime]
Paroles : Carlos Toro (adaptation)
Musique : Johnny Hallyday
10 – Yo te amo (3:36)
[Que je t'aime]
Paroles : Carlos Toro (adaptation)
Musique : Jean Renard
CRÉDITS
Enregistré et mixé au Studio des Dames (Paris)
Réalisation : Pierre Billon
Ingénieurs du son : Henri Loustau & Pierre Billon
Mixage : Henri Loustau & Hervé Hochet (assistant)
Orchestre de Roger Loubet
Guitares : José Souc & Pierrot Theodoris
Guitare soliste : Slim Pezin
Banjo : Sauveur Malia
Batteries : Joe Hammer
Percussions : Emmanuel Roche
Claviers : Roger Loubet
Synthétiseur : Celmar
Chœurs : Pierre Billon, Bruno Victoire & Carlos Toro
Photos : Daniel Decamps
Design : Jean-Claude Asse







